Exposition Laure Buisson & Frank Rambert - "Le noir de la terre" (Février 2023)


...Si...

« cría cuervos y te sacarán los ojos »

Un texte pour une exposition de Laure Buisson et Frank Rambert

fév2023rier

Je me promènerais dans une représentation de la nature et de son vivant, je serais certainement baigné de quelques rayons courbes du soleil parvenant à se faufiler dans la canopée qui tâcherait de retenir des pluies et tous leurs oiseaux. C'est le regard en hauteur que j'aurais à penser. Voici comment trébucher à la moindre racine insuffisamment plantée, voici comment marcher sur le serpent.

 

Le découpage de la vue se ferait alors plus prudent ? Oui, comme si un danger derrière cet arbre m'attendait. "Pourquoi moi ?" sera la phrase que je saurai dire à la vue de la Bête. Se montrerait-elle ? Le chasseur d'images ramène l'enveloppe, pas la chair et la Bête n'a pas à me craindre. Il faudrait que je fasse la liste de mes futures blessures. Les doigts coupés, les yeux fondus, le reste un peu tordu, les cheveux devenus blancs soudain, comme si le temps sera allé si vite en cet endroit.

 

Je serai nu, m'a-t-on prédit et le corps brillant. L'âme dedans, on se sait pas si elle brillerait (comment s'en sortira-t-elle ?)

 

J'aurais la fatigue en tout endroit, si tout ceci. J'aurais faim et ce ne sont pas les images qui me satisferont, pas la lumière ainsi découpée sur les désirs et sur cette profusion de simulacres et de reproductions. Le serpent de papier comme un tigre saurait éviter mes pas, il entend depuis loin par le corps. Un groin saurait me sentir et savoir si je suis comestible, si je suis bon (j'en doute, seules les mouches me convoitent).

 

Tout ce sérieux pour que je puisse continuer un récit, une promenade ou un rêve suffisants. Si tous les animaux du monde voulaient bien se donner à ma main. Si je devais enfin ne plus confondre le vide et le plein, l'art et le cochon, le fragile et l'inaltérable. Le presque vrai et le presque faux.


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