Exposition du 30
novembre au 16 décembre
Le Jardin des Délices
En
catimini, on peut produire exagérément les surfaces d'un monde habité, pour en
choisir les projections devenues objets. Les questions de sa peau, de son
paysage, de leurs interactions, de ce qu'il faut reconnaître et de la confusion
sont mises à plat. Sauver sa peau, sauver son regard pour sauver le paysage,
c'est-à-dire ce qui est reconnaissable devant soi. Ce travail est l'œuvre, cet
ouvrage se montre en fragments. Les séries sont les miettes pour retrouver le
chemin ; ce qui est à retrouver est autant un lieu qu'un temps, est autant un espace
qu'une durée, autant une vie que sa mort contenue. Oeuvre boulimique éloignée
de la satiété du spectacle, nous en picorons quelques mètres en ayant le goût
de tout le trajet, du premier lieu à la dernière demeure. Et nous croyons y
reconnaître celui-ci et celle-ci, cette référence et ce souvenir, ce geste
érotique ou ce mouvement pornographique, signatures humaines de la tête aux
pieds, nous-mêmes parfois puisqu'en cet instant confusément faisant partie de
ce monde. Voici pour ce qui est ressemblant, voici pour ce qui fait des
histoires. Sont convoquées des icônes, explicitement, picturales ou
cinématographiques, elles se nouent, s'étouffent, sont tendues, honorées,
couchées ; ici se disputent iconophile et iconoclaste. Dans ce repas sont
invitées les fausses icônes, puisque c'est avec l'aide ou l'assise de
photographies que se développent les images carrées dites peintures, c'est
aussi sans aide et par le geste, par les souvenirs du bras qu'elles naissent,
au sein de l'abstrait.
Il est
tentant, pour s'éloigner de l'illustration des paradis, de vouloir appréhender
les enfers réputés moins tendres. Entre deux, Jardin des délices, c'est le
paradis perdu dans l'acte premier, bien ou mal on ne sait pas trop, c'est le
paradis gagné. De passions et violences, ce sont, par les corps suggérés, des
tons entremêlés, des épaisseurs renversées, des taches maîtrisées, des coups de
peintures. Coups sur coups, des corps entre eux. On peut ne voir que la couleur
puisque ce n'est que couleurs.
Leur casser
la figure. Casser la figure d'une image, la tendre à ce qui a été dans
l'histoire des images, à ce qui sera dans la consommation des images. Les
portraits sont invoqués, images d'humains, parcelles de leur expression, de
leur identité mise au carré. C'est l'invasion, c'est l'évasion des portraits,
une série de personnages formant une multitude, une multiplication, une foule,
du monde, un monde.
Cette
tourmente n'est pas un mouvement, pas une fuite des corps, c'est une prise de
vues, nous tenons un arrêt sur l'image. D'autres encore tenues. Des arrêts, des
images, l'idée d'un film est envisageable.
Arrêts sur images
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