Exposition Christelle Franc - "Ils tricotaient l'air à travers l'espace" (septembre 2023)

 

Aux  m o u v e m e n t s

Un texte pour Christelle Franc

21-23 ao 2023 ût - Pierre Rochigneux

 

Ne reste pas planté là quand il est possible de trouver des découvertes, décale-toi et tu verras autrement les choses. Et des rencontres, des étonnements ou juste un quotidien qui était à côté de l'aveuglement.

 

L'ancien humain figurait les saisons, la nourriture, les dangers, éventuellement les dieux. Il avait besoin de ceci. Les guerres, les conquêtes, le quotidien. Le pouvoir sur les éléments. Depuis l'ancienne et récente invention de la photographie, l'humain sait exactement comment saute le cheval domestique et comment bondit l'homme déshabillé, comment veut voler l'oiseau captif. Le mouvement se plie volontiers à cette soudaine observation. Exactement est peu exact, on ajouta le cinématographe pour, aidé d'une croix, faire d'un unique œil la lecture des rêves et des réalités. Sans avenir et qui se prolonge. L'image ne suffisait pas, elle se complète alors d'une mise en scène et de la possibilité qu'on se raconte une autre aventure, un autre drame et la possibilité de plusieurs mondes ; autant de vérités. La prétention détaille le détail à l'extrême et cet extrême lui-même est dépassé, repoussé puisqu'en écartant les bras, l'humain veut toucher les infinis et les éloigne. Ses ongles.

 

 L'aventure doit être rassurante, le lieu reconnaissable, les personnages pouvant avoir existé et les animaux désormais éviteront d'être blessés. Au mieux, ils fuient, au pire, l'espèce disparaît. Nous voici spectateurs. Aurions-nous perdu la référence, nous nous accaparons le sujet, l'objet, les mouvements et ce qui se fige enfin. Le corps pivote. Ou juste la tête, nous embrassons le monde, les durées et ce qui devient trace. Prenant garde de ne pas y toucher, c'est fragile, ça salit les doigts. C'est fragile comme le présent. Et comme un arc-en-ciel, ça recule quand on s'en approche. Comme un horizon, ça va finir plus loin, jamais peut-être. L'acuité est nécessaire et d'avoir de bons yeux, sans préciser ce que signifie bon et quel serait le mauvais œil. Celui qui déchirerait l'image ? Qui devinerait le mouvement et le rendrait inutile ? Qui regarderait l'intérieur de la tête ?

 

Mais derrière se cache ce qui doit l'être. Et derrière se cache ce qui veut l'être. Nous cherchons encore, à travers les évidences offertes, au-delà des multiples infinis et des possibles fins d'horizons, dans les interlignes des textes. Jamais contents !

 

Viennent les doutes, vient le trouble, arrive la nécessité de comprendre ou de fuir, nous restons ainsi des animaux. Aurions-nous trop représenté ? Copié à l'excès ? Ce qui est visible n'est plus simple et la mémoire est fugace et exigeante. Elle veut des mensonges mesurés, des transformations subtiles, des interprétations utiles. Ou juste qu'on lui foute la paix. Ce qui est indispensable, l'image ? La lecture. Faire des histoires, s'en laisser raconter. Et foncer dans le mur pour y laisser sa peau. La trace d'un avant-dernier mouvement.








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