Exposition Alexis Meilland - "La complainte du Tardigrade"

 


Montrer les monstres

Un texte pour Alexis Meilland / m2022ai / ju2022in

Pierre Rochigneux

 

Je m'assemble et je vais ressembler. Je m'ouvre et je vais me compléter, je me forme et me transforme. J'ai la tête ailleurs, des objets pour sujets, une invisibilité monstrueuse.

 

L’incertitude est assurément complète. Il fallait travailler le jeu, il faut du sang froid pour se tempérer, il faudra infiniment ne pas trop en faire. Ainsi vont ces assemblages avec une base acquise et l’intervention incongrue, placée pour une autre lecture.

 

-                Elle est trop maigre, elle ne peut pas exister.

-                C’est mal dit. Elle est fine et fragile.

-                Elle ne peut pas résister.

-                Elle va se faire voir.

 

Dans ces parties volées et superposées, je veux voir une façon discrète de penser le monde oublié. Plus simplement, c’est poser un parapluie ouvert sur une machine à coudre et l’inverse est plus laborieux : l’équilibre des choses est nécessaire pour l’équilibre des sens, pour que tienne la fragilité. Pour l’équilibre des mots.

 

-                Il me fait dire n’importe quoi.

-                Parce que tu crois qu’il attend une réponse.

-                Il ne pose pas de questions.

 

J’ai loupé les absences, j’ai blanchi les pages ouvertes de signes, j’ai voulu nettoyer ma vision des choses quand il aurait fallu nettoyer les choses. Voyez, j’en profite pour parler de moi ! Parce que ses images font du bruit et me couvrent et me font disparaître. Ça prend de la place et de l’espace, ça prend au corps, ça se rit de l’intérieur, ça coupe les peaux en quatre.

 

-                Tu expliques, tu illustres ?

-                Je montre, je suis à côté.

-                Tout s’explique.

 

Tout s’explique par les incertitudes acceptées. Le mensonge, le sacré, l’accident. On soulève la peau, on y pose un regard, c’est-à-dire une intervention. Voici le travail acquis, invisible trace sur le visible sujet.

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