Exposition du 13 avril 2012
Tricoter, nouer, coudre sont des « gestes archaïques »
dans l’histoire, qui décrivent la démarche artistique d’Isabelle Faccini.
Brodeuse, dentellière ou couturière, la femme « tisse » et l’artiste
en revendiquant sa position de femme s’inscrit dans cette filiation. Avec ces
gestes qu’elle répète, Isabelle dit « trimbaler l’histoire de la femme ».
Le dessin, la sculpture, le film ou l’écriture sont autant de façons pour
l’artiste de questionner le corps, sa surface, les tensions qu’il suscite,
grâce à un fil rouge, celui de la trame.
La série de dessins « Les Impondérables » est le
point de départ d’un corpus d’œuvres formant un triptyque avec le film et les
dix textes qui accompagnent ce dernier. Isabelle Faccini raconte des histoires
et guette l’inattendu, ce que l’on ne peut prévoir, le glissement, le dérapage.
Dans ses dessins, nous suivons le fil de cette histoire, cette trame qui se
joue à chaque instant.
Ecrire, dessiner sculpter, filmer résulte du même
processus : une fabrication en strates. Comme un palimpseste où chaque
couche se superpose et recouvre celle qui la précède. Isabelle Faccini dit « toujours
vouloir en rajouter une couche « .
Les « images en mouvement » procèdent de la même
démarche que le reste de son travail. Par superposition de couches, les images
deviennent des images mentales qui glissent les unes sur les autres. Tout
s’enchevêtre comme un maillage, par surimpression d’images, les unes agissant comme
masque sur les autres, où les couleurs s’additionnent ou s’effacent tout en
laissant des traces par transparence comme le corps qui « conserve en
mémoire tout ce qui a été « .
Les sculptures que fabrique Isabelle Faccini sont des peaux
sans la chair, sans le contenu, sans le squelette. Des restes, des mues. C’est
ce qui reste à la fin, ou après une transformation. Un corps-enveloppe, une
peau qui se détache du reste du corps. Juste une matière. Une matière perméable
où le passage entre l’intérieur et l’extérieur est possible, comme un
intermédiaire, un entre-deux. La Main,
de la série des Attributs, suspendue au plafond, flotte dans l’espace. Cette
sculpture en fil mousse rappelle les cottes de maille, enveloppe presque
érotique car elle recouvre sans couvrir et place le spectateur dans une
relation physique à l’œuvre.
Isabelle Faccini, face-à-face avec le corps, assemble, crée
des liens, relie des points pour construire une trame à l’infini et « faire
des coutures entre les espaces lorsqu’ils s’y prêtent, et alors, autant que ce
soit joli. »
Delphine Alleaume
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